Le Prince-Marchand - La Hanse galactique 1

Poul Anderson, Le Bélial, 2016 (parution originale 1956-58), 288 p., 9€ epub sans DRM

 

Vous aimez les militaires qui s'envolent dans l'espace et flinguent à tout va les pas comme nous, Poul Anderson a pensé à vous en créant un personnage au corps gras mais au cerveau musclé.

Présentation de l'éditeur :

Au XXIIIe siècle, alors que l'humanité s'est implantée sur quantité de planètes, les négociants interstellaires forment une alliance afin de protéger leurs intérêts : la Ligue polesotechnique. Nicholas van Rijn, directeur de la Compagnie solaire des épices et liqueurs, est le plus flamboyant de ces princes-marchands : le présent volume réunit ses aventures initiales…
Apparu en 1956 dans les pages d'Astounding Science Fiction, personnage falstaffien hâbleur et roublard, infatigable arpenteur de mondes et négociateur hors pair, Nicholas van Rijn incarne pour beaucoup la figure majeure du héros andersonien. Les cinq volumes de la « Hanse galactique » présentent pour la première fois en français l'intégrale des aventures du plus populaire des personnages de Poul Anderson, sans oublier celles de ses compagnons emblématiques : David Falkayn, Chee Lan et Adzel. Un événement…

Mon ressenti :

Poul Anderson est un écrivain prolixe dont l'oeuvre a été peu traduite en France, les éditions du Bélial tentent depuis quelques années d'y remédier, notamment à travers l'édition du cycle de La hanse galactique (le pourquoi du nom dans les commentaires) qui devrait compter 5 volumes. Il me semble que ce premier tome soit passé assez inaperçu lors de sa parution il y a un an, mais la sortie du volume deux semble renverser cet état de fait dans la blogosphère.
Que trouve t'on dans ce recueil : un avant-propos du traducteur, une nouvelle, un roman, une postface de l'auteur et une chronologie.

Marge bénéficiaire :
Des individus bas du front décident que leur territoire doit rester pur et préserver des espèces inférieurs. (Non non, nous ne sommes pas sur notre bonne vieille terre mais aux confins de la galaxie). Ils décident de vivre en autarcie et d'interdire l'accès à leur espace vital, même aux braves marchands et à leur route commercial. Malheureusement pour eux, Nicholas van Rijn, directeur de la Compagnie solaire des épices et liqueurs, voit leur désir d'indépendance comme une gifle à sa liberté de commercer librement avec comme résultat celui de grever sa marge bénéficiaire.
Nicholas van Rijn, le prince-marchand du titre est un personnage haut en couleur, "majestueux et sphérique comme une planète", très égocentré sur sa personne et encore plus sur la bonne santé de son commerce d'épices. Un manipulateur de génie n’hésitant pas à se jouer de la vie d'autrui pour parvenir à ses fins. Il emploie un langage très fleuri au charme désuet, allant jusqu'à haranguer Dieu pour le prendre à témoin de cette foule d'incapables censée le servir.
Nous sommes ici dans l'utopie commerçante : le libre échange a gagné face aux idéologies rétrogrades socialistes et communistes, l'Etat est désormais une coquille vide et l'OMC la Ligue polesotechnique à tout pouvoir. Tout le plaisir de cette nouvelle vient du personnage de Nicholas van Rijn et de sa stratégie pour éviter le maximum de perte de marge commerciale. Pas de gros bourrins de militaires ici pour rappeler à l'ordre ces cocos, mais toute un stratagème que je vous laisse savourer sans spoil.
J'ai bien aimé ce texte plein d'ironie.

Un homme qui compte :
Notre fameux prince-marchand et quelques comparses se retrouvent suite à un sabotage, prisonniers d'un monde hostile peuplé de chauve-loutre (comme une chauve souris mais avec un loutre à la place de la souris !) en plein conflit. Pour corser le tout, leurs vivres sont assez réduites, le compte à rebours de leur survie est lancé.
Malgré une construction de monde assez intéressante pour l'époque, je me suis vite ennuyé à sa lecture. Plusieurs raisons à cela : le prince marchand y est un peu moins présent, les autres personnages se révélant assez quelconques; une narration entrecoupée d'explications mal intégrées dans le récit, des péripéties nombreuses qui n'ont pas su relevé mon intérêt, bien au contraire, les trouant plutôt du style "Tirer à la ligne". Malgré sa brièveté, c'était long. Pour finir, le texte accuse le poids des ans, pouvant intéresser les plus vieux lecteurs de pulps durant leurs jeunes années et fortement ennuyer les autres.
On pourra, peut-être, reprocher au Bélial d'avoir été un peu chiche dans le nombre de textes présents dans ce premier volume.

Au final, la découverte d'un personnage atypique, odieux mais néanmoins sympathique. Pas assez cependant pour continuer la lecture des futurs volumes.


Albedo a lu une histoire flamboyante, Apophis a trouvé le recueil truculent, tonitruant, excellent, Au pays des cave trolls a lu un un roman un peu particulier mais franchement agréable à lire, Lecture 42 y a décelé un space opera saupoudré de pulp caricatural et Lorhkan a bu de l'Orangina durant sa lecture !
Pour ceux que cela intéresse, le fil de discussion sur le forum du Bélial est assez riche.

Quelques citations :


Et je dois en outre avouer que, en supposant que nous le puissions, massacrer plusieurs milliards d’êtres conscients uniquement parce que leurs leaders nous mènent la vie dure, c’est assez peu sympa. La Ligue ne survivrait pas très longtemps si on lui imposait un tel fardeau de culpabilité. Et puis, où serait le bénéfice ? Mieux vaut faire des clients de tous ces braves gens.

Quand il y a des ennemis à dresser l’un contre l’autre, c’est là qu’un honnête commerçant a une chance de tirer un petit rien de bénéfice !

Je me demandais simplement pourquoi vous ne faites pas pousser des aliments en suffisance, puisque la vie ici est assez facile pour que vous ayez le temps de bâtir une civilisation. Vous mangez tout votre gibier et abattez tous vos arbres. Ce que nous appelons sur Terre une civilisation réussie.

J’ai souvent pensé qu’il y aurait moins de guerres chez les races civilisées si elles en revenaient à cette coutume primitive qui veut que les généraux soient présents sur le champ de bataille.

15 commentaires:

  1. Poul Anderson oblige je vais forcément le lire un jour, même si c'est pas le texte qui m'attire le plus. J'aime beaucoup ton résumé des critiques des collègues xD

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    1. Certains auteurs ne sont pas pour tous les lecteurs.
      Merci pour ton commentaire sur les autres critiques des blogueurs, j'essaye d'y apporter ma petite touche.

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  2. Oui, c'est clair que le résumé (surtout la partie sur Lorhkan) vaut son pesant d'or :D (merci pour le lien).

    Une critique écrite avec humour et pertinence, comme toujours. Bref, c'est un régal de venir lire ta prose !

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    1. Pour Lorhkan, je pense toujours à Orangina depuis la lecture de son avis...
      Content que ma prose légèrement teinté d'humour te plaise, merci

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  3. J'allais dire la même chose que Vert concernant ton résumé des chroniques. C'est vrai que Lorhkan a utilisé de nombreuses fois le mot pulp et avec Orangina ;) ça coule de source. Bravo!

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    1. Nous allons devoir partager la critique de Lorhkan avec quelques publicistes pour leur prochaine pub Orangina.
      Merci

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  4. Dommage que tu n'ais pas été conquis plus que ça. Personnellement, mais tu le sais déjà, j'ai adoré le ton ironique de l'auteur et la critique des abus du mercantilisme. En plus du personnage de VanRijn qui m'a totalement conquis. Le tome 2 est moins pulp que le premier.

    Merci pour le lien, c'est vrai qu'un petit mot personnalisé pour le collègue blogueur c'est tout de suite plus sympa.

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    1. J'ai adoré la nouvelle pour les raisons que tu évoques, le roman beaucoup moins.
      Il vous en prie. Et ne pas oublier : le chien est l'ami des hommes.

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  5. Tout le monde l'a compris, j'aime bien l'Orangina ! :D

    Blague à part, si on n'est pas fan de pulp, le roman "Un homme qui compte" peut avoir du mal à passer. Si ça peut te donner à réfléchir, le volume suivant est constitué de cinq nouvelles, le côté pulp est nettement moins présent (comme ici dans la nouvelle "Marge bénéficiaire"). ;)

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    1. Le pulp n'est pas ma tasse d'orangina, je passe aussi...

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    2. @Lorhkan : Vil tentateur. J'attends donc ton avis pour voir si il faudrait que je jette un oeil à ce volume 2.

      @yogo ; jamais Poul Anderson n'aurait cru être associé à l'orangina ! Et pourtant

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    3. Le tome 2 c'est pour la semaine prochaine. ;)

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  6. Aaaaah! Mon auteur préféré.
    Comme toi, j'ai un regard forcément biaisé dès qu'il s'agit de mon cher Poul.

    J'adore ton introduction au billet, au passage. J'avoue que j'espérais qu'il te boote, mais je ne suis pas franchement étonnée que tu n'aies pas été si inspiré que cela, c'est un peu loin des textes que tu aimes.
    Ceci dit, je n’abandonnerais pas tout de suite, car ce premier texte n'est qu'une forme d'introduction.
    Le "tome" 2 est un recueil de 5 nouvelles plus calibrées pour éventuellement te convaincre au moins. La longueur que tu ressens sur le roman de ce premier tome n'est pas présent dans La Hanse 2, les textes sont nettement plus pulp. Et quand je parle de kitsh ou de vintage, c'est justement ce côté un peu "mature"...

    Merci pour cette critique toujours aussi pleine d'humour!

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  7. Ton avis sur le tome 2 m'avait tenté et j'avais craqué pour le tome 1 qui a douché mon enthousiasme, du moins pour le roman.
    Lorhkan et toi me poussent à persévérer, l'avenir nous le dira. Et si je craque et n'aime pas, je vous tiendrai pour responsables et le clamerai haut et fort !
    Certains livres se prêtent bien à une chronique teinté d'humour, ravi que mes lecteurs y soient sensibles

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