Hier je vous donnerai de mes nouvelles


Pierre Bordage, L'Atalante, 2016, 256 p., 7€ epub sans DRM

Un titre accrocheur et poétique qui restera en mémoire. Ce n'est pas forcément le cas des nouvelles.


Présentation de l'éditeur :


« J’inspecte les rayonnages de ma bibliothèque, je n’y trouve aucun livre d’Homère, pas la moindre trace du grand inspirateur. Qu’ai-je bien pu faire du vieux bouquin tant de fois corné qu’il avait fini par renoncer à sa forme livresque ?  Comment ai-je pu le laisser s’exiler de chez moi ? Qui me l’a volé ?
Puis je souris. Quelle importance ? Ces œuvres qui m’ont vivifié, nourri, enchanté, ne sont-elles pas mieux dans des mains avides que sur des planches de bois grises de poussière ? Ne sont-elles pas mieux à voyager et à s’ouvrir à de nouvelles âmes ? Les livres (que dire des versions électroniques ?) se déplacent, se prêtent, jaunissent, se déchirent. Je les ai sans doute offerts de bon cœur, mû par le plaisir unique de partager un secret, un vertige… Les personnages que j’ai aimés, eux, ne meurent pas, à jamais admis dans l’olympe des archétypes.
Et moi, j’essaie de me faire une petite place, modeste laboureur des mots, dans le sillon éternel et fécond tracé par les grands faiseurs d’histoires. »

Mon ressenti :


De Pierre Bordage, je n'ai lu que Les dames blanches que je vous conseille et m'a rappelé un de mes auteurs phares (je vous laisse deviner) par son côté surgissement de l'extraordinaire dans la vie quotidienne et une intrique sur plusieurs années. J'avais abandonné Le feu de dieu qui à mon sens aligné poncifs et stéréotypes. Donc un partout, la balle au centre.

J'ai dans l'idée de lire prochainement Échos dans le temps et je voulais découvrir différentes facettes de l'auteur. Ce recueil comprenant des textes fantastique, de fantasy et de science fiction, il était tout indiqué. Quinze nouvelles, toute inédite pour moi, mais dont seuls quatre le sont réellement, les réeditions étant le fait d'anthologie eu de commande de journaux.
L'éditeur a fait le choix de rendre visible en début de chaque nouvelle si celle ci est inédite ou pas et le cas échéant, d'indiquer sa date de parution et son origine. Merci à lui.
Une lecture mitigée au final, je n'y ai rien trouvé de Wouah ni de Mouaih. Il m'a manqué ce fameux sense of wonder, je suis donc resté paisiblement à lire sur mon canapé. Une belle plume, cela est indéniable, des personnages bien campés, des thématiques sociétales et l'envie de l'auteur d'avoir une approche différente de nos genres de prédilection, voilà ce qui me restera en mémoire de ce recueil. Et ce n'est déjà pas si mal.. Après, les gouts et les couleurs ne se discutant pas, vous pourrez y trouver votre bonheur.
Un recueil permettant d'aborder plusieurs facettes de l'auteur et de sujets : changement climatique, immigration, lutins, elfe, dragon, société, post-humanité, biotechnnologie, ...


Petit tour rapide de l'ensemble :

Le recueil s'ouvre sur un prologue de 2013 sur ce que l'auteur entend pas littérature populaire.

Hier je vous donnerai de mes nouvelles.
Ici voyage dans le temps, la machine spatiotemporel est équipé d'un camouflage en fonction de l'environnement extérieur et il s'appelle le cameleon (Bonjour docteur qui). Le voyageur de 2086 se rend à diverses époques pour découvrir son passé. Ca fricote sec en explorant son historie familialle. Et où on remarque que le progrès est une notion bien complexe, surtout en manière de fraternité. Sans plus.

En suspens.
Un gars de la ville échoue dans un village paumé après un crash aérien dont il est le seul survivant. Une nouvelle fantastique classique qui apporte un petit plus par son univers SF.

L'autre bord.
Un grand père part initier son petit fils aux monstres de l'autre bord. Changement de paradigme ici. Une fantasy simple mais charmante en compagnie de zoreils, de malins et de zoms.
"Jamais Mouchou n’avait eu l’occasion de voyager sur l’échine d’un zoreil. L’un de ses amis lui en avait parlé comme d’une expérience extraordinaire, mais, comme il s’appelait Enjoliveur, une certaine part de vantardise et d’imagination était sans doute entrée dans son récit."

Le pacte.
Un pape aux pensées impures se retrouve au milieu d'intrigue de pouvoirs. Il se voit proposer un pacte par une espèce extra terrestre. Ou comment vendre son âme au diable en version SF. Sans plus.

La petite fille au regard perçant.
Courte nouvelle en forme de constat d'une espèce alien en observateur des humains. Je ne peux que partager ce constat sauf sur la morale : ce qui compte c'est la beauté intérieure un peu trop gnangnan. N'apporte rien mais la chute sur la fille au regard perçant vaut à mon sens la lecture de ce texte.
Cela tombent bien, elle est dispo en ligne gratuitement sur le site de Télérama http://www.telerama.fr/livre/la-petite-fille-au-regard-percant,37514.php

"La guerre est le loisir favori des êtres humains. Depuis l’an 1 de cette ère, je n’ai pas souvenance d’une période, même brève, sans conflit. On torture et massacre souvent au nom d’un dieu qu’on présente comme un créateur infiniment aimant. D’ailleurs, plus le dieu en question est bon et juste, plus les tueries sont féroces. J’ai entendu les paroles de paix du prophète crucifié et j’ai vu à quelles atrocités se sont livrés ses adorateurs au long des siècles. De la colline où il a expiré, le sang continue de couler et de se répandre sur la terre. "

Terre promise.
Des juifs sont sommés d'aller voir ailleurs si ils y sont. Ils traversent l'Atlantique afin de goûter à l'accueil européen offert aux réfugiés climatiques. Vaut surtout pour la vision d'une post-humanité ou plutôt de son évolution. Complète La petite fille au regard perçant sur ce point.
"L’article précisait que nous étions les trompettes de l’Apocalypse, que nous annoncions la fin du monde actuel et le commencement d’une nouvelle ère fondée sur la communication télépathique, l’empathie et le respect. Je suis persuadée qu’on a crucifié sur les portes des enfants dont le seul tort était d’appartenir à cette humanité émergeant de l’ancienne comme un papillon de son cocon. La folie de la Terre ne nous a pas laissé le temps de déployer nos ailes. Nous sommes au contraire moins bien adaptés que les autres à la violence exaltée par l’instinct de survie."

La dernière affaire de Sagamor.
Ou le blues de l'assassin : un assassin vieillissant se demande si il ne va pas changer de métier. La dernière proposition faite est de celle qu'on ne refuse pourtant pas. Intéressante dans le fait que l’assassin soit face à un choix de vie. Le reste est assez banal.

L’enfant et l’amer.
Le pendant de La terre promise. Nous sommes ici en compagnie de l'autre camp, celui des méchants. Enfin, méchants, question de point de vue. Banale.
Disponible en ligne avec un autre titre L'enfant et la mer ! un changement judicieux.

Morflam.
Un dragon ravage les terres d'un royaume, sa reine part au combat. L'auteur traite ici le sujet d'une manière différente que dans ce que j'ai déjà lu.

La ligne.
Un groupe migrants accompagnés d'un passeur tentent un passage vers une vie meilleure. Ici les causes de leur fuite ne sont pas la dictature, la violence, le racisme, le climat, la faim, la pauvreté ou l'espoir d'une vie meilleure mais l’apparition d'une espèce végétale envahissante et nouvelle lancée dans un grand combat pour l'hégémonie de la vie sur terre. Ma préférée.

Le chant du solstice.
Kwan le barde tente de retrouver l'inspiration auprès d'une sirène. Pas une bonne idée. que ce soit pour le personnage ou pour le lecteur.

Césium 137.
Trois enfants décident d'aller affronter les monstres de leurs vallées, le démon Césium 137 et son compère, Strontium 90.
Le récit combine les légendes fantasy dans un monde post apo. Une très belle manière d'aborder les conséquences du nucléaire. Une réussite. En outre, la distinction entre les individus ne se fait plus sur la base de la couleur des cheveux ou de la peau, mais des malformations congénitales. Bien aimé.

L’Autre.
Des ragots auto-réalisateurs.
Il est toujours plus simple d'accuser l'autre de l'origine de tous les maux. Amusant et effrayant à la fois.

Qui sera le bourreau ?
Le procès d'un tyran déchu. Mais comment devient on un tyran ? Qui est le bourreau ? Vaste question. Amusant, mais répétitif.

Origo.
Pierre Bordage nous refait le big bang. Une hypothèse quantique pleine de stupre.

Lu dans le cadre du challenge Summer Short Stories of SFFF (#S4F3s3 pour les intimes) du blog Les lectures de Xapur

4 commentaires:

  1. Merci pour ce retour. Il va falloir que je tente un jour Pierre Bordage. J'aime bien les thèmes sociétaux qui ressortent des nouvelles présentes dans ce recueil.

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  2. Je tenterai plus volontiers Les Dames Blanches que tu m'as déjà conseillé. Je ne suis pas fan des nouvelles, j'ai déjà pas mal de recueils...
    Merci

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