Les enfants du ciel

Vernor Vinge, Robert Laffont, 2012, 709 p., 27€ papier


Issus du peuple Straumli, Joanna et Jeffri, encore enfants, ont fui à travers la Galaxie une Perversion quasi divine éveillée par une expédition imprudente. La Perversion a détruit des civilisations entières. Mais le navire portant les deux enfants a réussi à gagner la Lenteur, une région où les systèmes informatiques les plus performants, et même les si lentes intelligences biologiques, subissent une perte de leurs facultés. Et il a atteint une planète dont le développement est comparable à celui de notre Moyen Âge, habitée par des meutes de chiens intelligents, les Dards. Dix ans plus tard, ayant survécu aux conflits féodaux des Dards, Joanna et Jeffri ont été rejoints par Ravna et son vaisseau. Ravna tire de leur hibernation les derniers rescapés Straumli, les enfants du ciel. Ceux-ci, ayant grandi sous sa tutelle, sont devenus, avec leur science et leur technologie, l'enjeu majeur des querelles des Dards. Tandis que la Perversion fonce vers la planète à la vitesse de la lumière... Mais si la frontière de la Lenteur se déplace, elle peut fondre sur eux en quelques mois.
Les enfants du ciel est la suite directe de Un feu sur l'abîme. Il est conseillé d'avoir lu ce premier tome afin d'appréhender au mieux l'univers créé.
Ce roman se déroule entièrement sur la planète des dards, en compagnie de Joanna, Jeffri et Ravna.
Les humains sont coincés sur cette planète et doivent cohabiter. Ravna a tiré de leur cryosommeil les enfants, et ces derniers ont grandi.

Les cent premières pages sont assez lentes, mais permettent d'installer l'intrigue. Les relations fraternelles entre Joanna et Jeffri sont au plus bas. Ravna, tout occupée à accélérer la maitrise de la technologie afin de pouvoir combattre La Perversion le moment venu, ne se rend pas compte que les enfants s'interrogent sur leur passé et remettent en question l'Histoire officielle. Jusqu'au jour où ses adversaires prennent le pouvoir…
Les dards quand à eux aimeraient bien s'emparer de la technologie straumalienne, les diverses factions s'espionnent et intriguent.

Nous sommes ici dans un roman politique et ethnologique, à l'instar d'une Ursula le Guin dans son Cycle de l'Ekumen, influence revendiqué à la fin du roman par l'allusion au physique de Joanna
La société des dards est grandement décrite, dans sa technologie, dans ses interactions, dans sa psychologie.
Les relations interculturelles entre les straumaliens et les dards font apparaitre l'altruisme et le racisme ou la duplicité.
Les relations humaines sont rendues dans toute leur perplexité, avec l'ambition, le pouvoir…

Ce livre est aussi d'une grande actualité (bien que publié en 2011 et l'auteur américain) via les personnages de Tropicaux. Leurs naufrages n'intéressent personne, leur noyade étant désirée permettant d'éviter la gestion de la problématique. Que dire de l'idée cynique d'attendre la bonne saison afin de les remettre dans des radeaux et de laisser faire le vent et les marées.
Ces mêmes tropicaux n'ayant pas le même régime matrimonial, sont considérés comme une sous espèce inintelligente qui profite des rebus de la société.

Que faire des vieux et des handicapés ? Les dards s'en déchargent. Cela m'a fait penser à la société japonaise.
La société straumalienne, toute eugénique, porte un regard condescendent sur Timor, enfant handicapé du fait d'un réveil imparfait.

De grandes idées qui ne font hélas pas un grand roman. L'intrique est complexe, voir tarabiscotée. Sa construction narrative se remarque et des séquences qui apparaissent dans le roman ne sont présentes que pour justifier quelques pages plus loin une action des personnages.
Beaucoup de longueurs tout au long du récit, cela aurait mérité de larges coupures.
En outre, nous n'apprenons rien de la menace de la gale, qui sera le sujet d'un hypothétique quatrième tome de ce cycle.

Un livre à conseiller à ceux qui ont aimé Un feu sur l'abîme, notamment la société des dards, la grande réussite de l'auteur, et les fans de Ursula le Guin.
Pour ceux qui voudraient se plonger dans l'univers de Vernor Vinge et de son concept de la Singularité (une sorte de transhumanisme puissance 100), je vous conseille de commencer ce cycle de Zone of Thought par Au tréfonds du ciel, puis Un feu sur l'abîme. Pour les moins téméraires, l'ensemble faisant environ 2500 pages, le roman Au tréfonds du ciel peut être lu séparément.


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